Fabrique de déserts
« Quant au « désert œuvre de la nature » m’est avis que l’homme de son côté a tiré tout le parti possible de conditions naturelles favorables à la création, à l’extension des déserts. Car, vous savez, celui qui voyage, les yeux ouverts, a vite compris comment ça se « fabrique » un désert … Dans le sud de la Russie, complètement déboisé, lui aussi, on me traduisait un jour ce proverbe : « Quand l’homme vient, l’eau s’en va ! » Et dans toute l’Afrique du Nord et même en Espagne, (pour ne pas parler de notre midi à nous !) le système continue de fonctionner : l’humanité a inventé le feu ! N’est-ce pas ! Alors un jour, ma foi, la forêt brûle, les dents des chêvres et des moutons s’acharnent sur les jeunes pousses, sur les buissons qui retenaient l’humus. Si la population est sédentaire, elle laboure même les pentes qui s’écroulent. Vient la pluie. L’érosion partout, fait son œuvre. La roche nue s’effrite au soleil, devient sable, se met en marche poussée par le vent. Et le désert gagne du terrain, sans cesse, sur les espaces fertiles… Pour l’arrêter que faut-il ? Des armées de jardiniers, de forestiers et … de gendarmes ! Mais la dune, le sable, les vagues d’une mer figée, blonde, c’est très photogènique. Et près de Biskra, les caravanes de touristes sont d’un rendement sûr pour « le café des dunes » avec panorama garanti. »
Texte de Robert Sexé - 1932 – Robert Sexé (1890-1986) Reporter, motocycliste, photographe – Musée Sainte-Croix de Poitiers et Musée de l’Aventure et du Souvenir Robert Sexé du Vieux Château d’Airvault.
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