Des photographes dans le paysage ....
"Pub" pour un très beau livre (bien écrit et pas cher) qui raconte les histoires des pionnier(e)s de la photographie animalière.
En même temps, cela parle des sociétés de l'époque et de maintenant à travers la relation à l'animal sauvage. En effet, la plupart de ces photographes étaient également chasseurs/collectionneurs et l'évolution de leur comportement, jusqu'au militantisme actif de la protection animale pour certains, a donné lieu à des prises de position et des débats encore très actuels.
Les photographies de ces pionniers et pionnières ont accompagné et illustré le combat pour sauvegarder les animaux sauvages. Combat qui continue ....
Dans les problèmes de l'époque, on retrouve les modes qui ont fait disparaître des populations animales : plumes pour chapeaux, fourrures, collection d'oeufs, trophées de chasse ....
De nos jours, d'autres menaces directement créées par l'homme mettent en péril des espèces animales. Les mentalités ont évolué mais l'appât du gain, la méconnaissance des conséquences de nos actions sur la nature, le besoin de domination, sont toujours là.
Dans ce livre, les amateurs de photos seront épatés par l'ingéniosité (et la prise de risques) de ces aventuriers et aventurières qui devaient trimballer (ou faire trimballer...) du matériel lourd, encombrant et inadapté aux conditions imposées par la nature. Mais, au bout de tentatives multiples, quelques documents photographiques étaient acceptables et constituent de véritables documents.
Et maintenant ?
Le matériel est plus léger ...
Et on peut être moins aventureux ....
Mais si on veut continuer à photographier de la nature sauvage, il reste "quelques" batailles à poursuivre ....
Ah ménagement du territoire ....
Beaucoup de tensions entre intérêts opposés sur l'avenir de l'espace naturel : le transformer en zones productivistes pour relancer la croissance et son lot d'emplois + nuisances ou le préserver tel quel sachant qu'il y a de moins en moins d'exploitants agicoles pour en vivre et l'entretenir ?
On voit rapidement que dans cet affrontement, l'intérêt de la faune, de la flore, des flux eau/air, et donc la réflexion collective et à long terme sur la place de l'Homme dans son environnement, passent à la trappe des intérêts individuels, de la médiatisation des passions et des postures télégéniques.
Ce n'est probablement pas un hasard si un romancier talentueux s'est emparé de ce sujet de société majeur et vient d'obtenir le prix de Flore.
Maintenant, moins talentueux mais tellement représentatif de la mauvaise foi et de la pauvreté des arguments, qui parmi ces déclarations ineptes va gagner un point Godwin ?
J'avais déjà écrit sur ces concepts opposés qui induisent/expliquent certains comportements environnementaux : "l'homme et la nature", "l'homme est la nature" mais je pense qu'il faut en rajouter une autre, "l'homme hait la nature".
Passage de témoins
Aujourd'hui, je vous présente 2 livres : "Scènes de la vie des insectes " de J-H Fabre et "La nature malade de la gestion" de J-Cl Genot.
Pour faire court, deux passionnés de nature séparés par un siècle mais réunis par la même observation scientifique des richesses de la nature, sources inépuisables de découvertes et d'émerveillement, preuves vivantes des subtilités de l'évolution.
Et les 2, témoins de leur époque, comparent cela à la suffisance de l'Homme qui se croit l'être vivant le plus .... (libre choix dans les qualificatifs)
Les auteurs ont une vraie force d'écriture basée sur leurs constatations argumentées et illustrées. Ces observations remettent en cause bien des idées reçues et devraient apporter un nouveau regard avant de prendre des décisions d'aménagement de l'espace naturel.
Beaucoup de connaissances naturalistes ont été engrangées en un siècle, mais il me semble que le transfert de ces informations vers les décideurs n'ait pas été des plus performants .....
Mais il est bien connu également, qu'il n'y a "pire sourd que celui qui ne veut pas entendre" !